Albert Camus ou le présent impérissable
Cette étude révèle une préoccupation de l'instant présent, singulièrement centrale chez Albert Camus. L'écrivain est profondément marqué par le peuple algérois dont il dira, dans Noces, qu'il est « tout entier jeté dans son présent ». Atteint de tuberculose alors qu'il vient d'avoir dix-sept ans, il découvre l'envers du décor. La présence de la mort lui devient familière et lui enseigne la valeur du temps. Quelles que soient la forme empruntée et la diversité de ses représentations, la référence à l'instant présent est éclatante dès les premiers textes camusiens. Traversée par le motif du commencement, l'oeuvre décline une conscience de l'instant créateur. Certes, Camus est nostalgique des origines mais cela équivaut-il à une volonté de revenir au passé ? Et quelle forme inventer pour écrire le présent, fugitif par essence ?
« Parti d'oeuvres où le temps était nié », Camus, peu à peu, retrouve « la source du temps ». La création d'un « présent impérissable » satisfait alors l'un des enjeux de sa propre démarche d'artiste : sauver les êtres de la mort et de l'oubli.