Albert Cohen, romancier, mais aussi poète, dramaturge et
autobiographe, n'est pas seulement la voix du peuple juif
dans la littérature française. C'est aussi un grand satiriste,
un romancier de la passion, un explorateur des écritures
du moi, un inventeur de formes et un styliste hors pair,
usant magistralement de toutes les nuances de l'oralité.
Son oeuvre baroque est pleine de jeux de miroirs, de renversements, de mises en abyme, et d'excès comiques
ou tragiques.
La tension qui s'y établit entre le grandiose et le dérisoire résume la manière dont se tisse dans l'oeuvre le
lien entre éthique et esthétique: d'un côté une morale
athée de la compassion, de la « tendresse de pitié », un
intérêt porté aux obscurs, aux sans-grade; de l'autre une
esthétique du contrepoint, une polyphonie flamboyante,
un appel à vivre avec intensité.