La donne est semblable à chaque partie : parmi les joueurs qui se disputent (en) l'auteur, chacun rêve une histoire dans laquelle les autres joueurs sont inclus. L'un veut perdre et le proclame, le second veut écraser brutalement tous les autres, fils d'aristocrates ou de bourgeois sûrs de leurs «dix droits», le troisième imposer ses propres règles régies par la folie et l'excès, un autre fait le mort, tandis que son voisin regarde, hypnotisé, un portrait de femme à laquelle il ne cesse de comparer son propre reflet dans un miroir, le dernier est curieusement le seul à remarquer le crucifix accroché sur l'un des murs... Dans ce tripot juif, une tenancière naine et obèse sert à boire, les yeux brillants. Soudain entre une femme, blonde, très belle. Chacun la désire et, pour la retenir, lui raconte sa part de l'histoire, toujours démentie par l'un des autres. La mythobiographie est cette tentative de donner formes au fantasme, au «mythe personnel», et de le sacraliser par le recours et l'identification à des mythes collectifs. Mais de manière incertaine, fluctuante, théâtre d'ombre sur un drap qui s'enténèbre.