«Pourquoi cet enfant n'a-t-il pas laissé de forme
concrète de son image ? Je ne voyais absolument
aucune réponse à cela. Et pourtant j'avais conservé
la sensation nette de sa présence.
C'est finalement le rêve qui est mon recours. En rêve,
je peux me le représenter aussi souvent que je veux
et je le vois grandir avec le temps. En rêve, je peux
retrouver le contact de sa peau, entendre sa voix, être
convaincue par sa réapparition. Même après mon réveil,
je continue à croire à sa proximité physique. Mais ça
ne me permet pas d'oublier pour autant le manque
que j'éprouve. J'ai beau multiplier les expériences de
rêves, je ne peux pas augmenter le nombre des photos
en ma possession.»
Les «rêves» évoquent tous la mort du fils de l'auteur,
mais aussi des liaisons sentimentales difficiles, des
visions, des souvenirs plus lointains. Jouant sur toute
la gamme narrative et réflexive qu'offre la vie rêvée,
Yûko Tsushima approfondit la connaissance de soi et
n'abandonne jamais pour autant le lecteur.