Ce livre accompagne l'exposition Alfred Courmes et rend justice à son sous-titre : La rétrospective. Bien malin qui pourrait se targuer de montrer tout Courmes quand bien des oeuvres - et parmi les plus éloquentes - résistent encore au travail des passionnés du peintre, perdues ou égarées, en tout cas introuvables. Il en est ainsi du travail d'Alfred Courmes, longtemps remisé dans les échoppes de quelques amateurs éclairés et de Courmes lui-même, personnage sulfureux (dit-on), ami du « prince des peintres », James Ensor, et conquérant de l'impossible. Beaucoup de gens (relativement) se sont penchés sur le berceau de Courmes pour toujours aboutir au constat d'une oeuvre difficile à montrer, moins pour son côté provocateur que pour l'incompréhension qu'elle dégage et la difficulté à la classer dans l'histoire de la peinture du XXe siècle. Tous ceux qui s'y sont essayés sont de fait - reconnaissons-le - des valeureux, que ce soient, au fil des décennies, les observateurs du cubisme, les exégètes du surréalisme, les spécialistes du réalisme, les tenants de la figuration narrative, les amateurs ou les détracteurs du pop art. Tout le monde s'est (pour de vrai) cassé les dents, Courmes étant précurseur de tout ce qu'il est possible de peindre (à l'instar de son copain Clovis Trouille), de montrer, de démonter, de juxtaposer, de mélanger, de coller, de retourner. Voilà donc un homme relégué à sa sainte peinture, qui a gardé son droit de parole et d'insolence, toujours sauvé par sa loyauté et sa bonhomie. Voilà donc un homme retranché à qui l'on offre quelquefois de sortir du bois, pour le plaisir des grands, mais aussi des petits.