Le vrai du faux
« C'est beau de s'identifier à l'autre mais il faut aussi avoir la capacité d'amener le spectateur dans l'autre sens. Ne pas s'identifier, mais respecter, par exemple une autre culture, il ne faut pas penser que tous ont notre vision du monde, que tout nous est accessible. Il existe plusieurs manières de se relier au monde, aux histoires. Au moins nous qui, dans un monde si plein d'images, en produisons d'autres, devons avoir confiance dans le pouvoir du regard. »
Alice Rohrwacher raconte la fabrication, l'envers du décor de ses quatre premiers longs métrages, Corpo celeste, Les Merveilles, Heureux comme Lazzaro et La Chimère. De l'écriture au montage, toutes les étapes sont évoquées à partir de séquences cristallisant de nombreux enjeux. De cette discussion ressort la recherche de la cinéaste de vérités immatérielles à travers la fiction, l'accès aux suppléments de l'être et du monde qu'elle permet - comme les rêves, individuels, et les contes, mythes et chansons populaires, collectivement partagés, qu'Alice Rohrwacher affectionne tout autant ; mais aussi l'aller-retour permanent entre la vie et les films qui fondent sa pratique, l'attachement à un artisanat du cinéma et de ses formes, l'importance de la troupe comme famille ou communauté de coeur.