L'Allemagne d'aujourd'hui, encore sous l'effet de l'unification,
est un pays en pleine mutation. Une mutation qui
pèsera sur l'évolution du monde.
Le modèle, à la fois politique et social, qui a prévalu depuis
la création de la République fédérale en 1949, reposant
sur des institutions politiques stables, faisant du pays une
démocratie sociale avancée, et sur une action extérieure
inspirée par la «retenue», est ébranlé par les lendemains
de l'unification et le défi de la mondialisation.
Trois exemples illustrent cette évolution : la refondation du
socle du «modèle social rhénan» à partir d'une redéfinition
du concept de justice sociale faisant davantage appel à la
responsabilité individuelle ; la levée du «tabou militaire»
qui, par l'engagement de l'armée fédérale sur des terrains
extérieurs, met fin à la «culture de la retenue» en matière
diplomatique ; l'émancipation à l'égard des États-Unis qui
constitue, au-delà même du «non» à la guerre en Irak, une
étape irréversible sur la voie de l'autonomisation, condition
de l'affirmation de «l'Allemagne-puissance». Tels sont les
contours politiques, économiques, sociaux et diplomatiques
de cette nouvelle Allemagne en train de naître.