C'est l'histoire d'un homme, juif, mon père, qui est arrivé dans ce monde à un mauvais moment de l'Histoire.
De son Algérie natale aux tranchées de la Première Guerre mondiale, puis à l'antisémitisme d'État des années 40, il lui faudra sa foi, son courage, sa volonté de vivre et une part de hasard pour sortir vivant de ces deux carnages. Mais il y a perdu une partie de sa joie de vivre, ce qui explique le titre de ce livre.
Ce récit sur un « héros » banal, comme il y en a eu tant, a été écrit à partir des mes souvenirs et de la correspondance retrouvée dans les archives familiales, après la mort de ma mère en 2011. Cette centaine de cartes postales et de lettres ont été écrites entre 1914 et 1917 à sa famille oranaise et en 1942 et 1944 à sa femme, ma mère.
Mais, à une époque où l'antisémitisme tue encore, où le racisme prospère à l'abri des populismes renaissants, où des migrants meurent en mer dans une relative indifférence, il m'a semblé essentiel d'insister sur cette forme spécifique de racisme qu'est l'antisémitisme. L'antisémitisme a poursuivi mon père toute sa vie et l'a conduit à changer son nom juif en un nom bien français, tout en restant fidèle à la religion juive.
Ces courriers, conservés pour les uns pendant plus de cent ans, montrent la volonté de transmission de mes parents. C'est aussi ce que j'ai voulu faire dans ce livre.