Au cours du Quaternaire, la succession d'ambiances climatiques alternativement
périglaciaires et tempérées favorisa tantôt l'incision des réseaux hydrographiques,
tantôt la constitution d'une plaine alluviale. Aujourd'hui, la régularité des versants des
vallées se retrouve interrompue par l'étagement de replats, ou terrasses, couverts
d'alluvions anciennes.
En Roussillon, les fleuves côtiers - Tech, Réart, Têt et Agly - ont construit un
système de cinq terrasses alluviales. Sur le terrain, leur datation relative relève de
cet étagement, mais elle a été grandement favorisée par l'altération des galets de
quartz. Sur les niveaux les plus anciens, ils sont recouverts par une patine plus
épaisse et plus colorée, associée à une éolisation très marquée ; simultanément,
l'hydrolyse a détruit la cohérence des galets cristallins. À l'inverse, ces altérations
n'apparaissent pas sur les terrasses les plus récentes. Enfin, la présence d'habitat
préhistorique a permis d'affiner cette datation.
Mais, à l'écart des variations climatiques, le Quaternaire des Pyrénées Orientales
a subi la poursuite des mouvements tectoniques engagés depuis la fin du Crétacé.
Il peut en résulter une incohérence apparente de la juxtaposition des niveaux
alluviaux. Ainsi, la terrasse du Pléistocène moyen, unique sur la plupart des cours
d'eau, se démultiplie en trois niveaux sur la Têt.
Pour trancher, les observations effectuées sur le terrain ont été comparées aux
profils longitudinaux des thalwegs et des terrasses associées des quatre cours d'eau.
Des perturbations néotectoniques apparaissent clairement dans le profil de terrasses,
qu'elles aient été syn-alluviales ou post-alluviales. Il a alors été possible de raccorder,
ou de dissocier, des niveaux dont, jusque-là, la synchronisation paraissait incertaine.