«Elle a sévi longtemps avant de disparaître. La seule
fille de la clique, la plus dure. Elle paradait dans la rue
comme une reine. Je l'avais vue petite fille, au bras de son
père, douce et joyeuse. Un papillon de printemps devenu
l'araignée noire du barrio.»
Très jeune, Alma a rejoint une mara, l'un de ces gangs
qui ensanglantent quotidiennement la capitale du
Guatemala. Dans les rues du bidonville de son enfance,
elle a épousé le clan des plus forts, poussée par un
élan vital qui lui soufflait que mieux valait infliger
la violence que la subir. Alma a tué, participé à des
viols et à des extorsions, elle a connu les passages à
tabac et la prison. Elle est devenue femme au milieu
d'un groupe de jeunes guerriers surarmés, tatouant son
corps de signes indélébiles et gommant sa féminité.
Quand elle a voulu quitter le gang, ses compagnons ont
tenté de l'assassiner.