Nourri très tôt de poésie - de Victor Hugo à Jacques Audiberti en passant par Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud -, Claude Nougaro a toujours fait chanter et danser les mots. Et il l'a toujours revendiqué : « Ce qui m'intéresse / Ce sont les sons / Que l'on peut faire avec / Une langue. »
Tout autant que musicien, il se voulait et était poète : « La poésie c'est du son / qui fait sens. » Chaque jour, il noircissait des cahiers d'écolier, il les remplissait de mots qui prenaient diverses formes : vers et prose, réflexions et aphorismes. « Je suis à géométrie variable », avouait-il volontiers. De fait, ses mots le sont aussi. Et ils sont fulgurants.
Sa vie durant, il n'a jamais cessé d'écrire, de prendre les mots par tous les bouts et par tous les sens, de les brasser et de les embrasser, de les chérir et de les boxer, de les appréhender et de les libérer, de les habiller et de les dénuder. Bref, de les aimer d'amour fou.
Les images qui font ici écho aux mots de Claude Nougaro sont des oeuvres de Daniel Estrade : des dessins, des eaux-fortes, une peinture. Cette proximité artistique n'est pas le fruit du hasard : Claude Nougaro et Daniel Estrade ont été liés par une forte amitié.