La condition de l'homme moderne est implacable : il a refusé la religion, la foi, il doute de l'homme et de ses rêves, l'humanisme même est attaqué. Que lui reste-t-il s'il veut affirmer sa force de vie et se montrer digne d'être humain ?
Il lui reste l'amour, le bel et pur amour tel qu'on le vit «au pays des âmes» où parviennent à évoluer, un temps, les deux personnages d'Ames masquées, il lui reste la merveille de cette rencontre, de cette re-connaissance éperdue que vivent les «jeunes» mariés de La Noce. Pourtant, en regard de tant d'idéal et de perfection, la vie impose sa loi sordide, de violence, de cruauté, de méchanceté. Mais il n'importe. La grandeur de l'homme est de savoir transfigurer le réalisme quotidien, dégradant, pour atteindre l'extase de la passion pure. Et si les personnages de ces deux nouvelles côtoient à tout moment le ridicule ou la mort, ils sont sauvés par leur amour même.
Une extrême pudeur, un sens du pathétique rarement égalé dans une œuvre douloureuse font le prix et la fascination d'Ames masquées et de La Noce (ce texte est inédit en français).