Dans cette trilogie, empêchée de parution par Duvalier
et ses terrifiants tontons-macoutes, Marie Vieux-Chauvet
dénonce sans ambiguïté le régime de violence et d'oppression
imposé par le pouvoir en place, en refusant tout manichéisme.
Consumés d'impuissance et de paranoïa, ses personnages
transfigurent leur aliénation en sentiment de vengeance, avec
pour exutoire les compromissions qui ne sont - en vérité - que
les relents d'un univers carcéral.
Claire, la révoltée que dégoûte la veulerie de la bourgeoisie locale, mais aussi
la vieille fille amoureuse ignorée de son beau-frère, rêve d'une sexualité libérée.
Les intrigues qu'elle ourdit pour parvenir à ses fins aboutiront à un dénouement
inattendu, toutefois synonyme de sérénité.
Rose, moderne Antigone, est prête à pactiser avec le diable, en l'occurrence le
chef macoute local, pour que sa famille récupère une terre spoliée. Mais peut-on
négocier avec des despotes sans foi ni loi ?
Quant à René, enfermé dans un huis clos délirant avec ses compagnons de
boisson, il rêve d'une révolution engendrée par la poésie. Allant jusqu'au bout de
la déraison et de la folie, c'est par un acte dérisoire qu'il se mettra finalement en
accord avec lui-même.