Amour, identité et changement
Nos histoires d'amour sont la partie la plus obscure de nous-mêmes. Tomber amoureux, c'est un peu comme tomber malade : c'est subir les affres de ses propres passions. Troublé par l'expérience de l'autre qu'on porte déjà en soi et qui peut devenir hostile, on se demande si ce qu'on éprouve relève encore de l'amour ou pas plutôt de la maladie psychique. L'amour possède sa propre logique. Dans cette perspective, l'amour ressemble au symptôme psychique : tous les deux donnent vie à une histoire ancienne. Puis, ils contiennent aussi tous les deux une part de résistance, tout comme un potentiel de changement. Enfin, tous les deux expriment la vérité du sujet et sa quête d'identité.
Pour autant que l'amour réveille en nous la part inconsciente, l'inconscient de nos choix amoureux reste un objet obscur pouvant motiver d'entreprendre une psychanalyse. Non seulement il existe une psychopathologie de la vie amoureuse, mais encore celle-ci est la contribution la plus importante dans la constitution de soi. Quand les patients parlent d'eux au psychanalyste, ils parlent de leurs amours. Au psychanalyste, reste le travail d'entendre l'intime qui cherche à se communiquer. Le patient évalue la satisfaction qu'il peut attendre de l'autre, en découvrant que celle-ci dépend étroitement de ses propres attentes. Bien que tout le monde possède ses propres expériences dans le domaine de l'amour, le doute ne manque pas de survenir quant à la fiabilité de ses propres observations. L'amour étant purement subjectif, l'amoureux se trouve devant les mêmes problèmes d'observation que les premiers psychiatres à la naissance de l'observation clinique.
S'il est vrai de dire qu'il y a de la folie dans la revendication amoureuse, il est aussi vrai qu'il existe des revendications amoureuses dans les différentes maladies psychiques. Toute relation comporte des révélations inattendues, peut-être même provoquées par soi-même ! Toute personne qui aime peut, de manière soudaine, se voir confrontée à l'étendue des souffrances de l'âme sans comprendre ce qui lui arrive. Le trouble est alors d'ordre identitaire.
L'auteur établit ici le lien entre la clinique psychanalytique, le transfert dans l'amour et les histoires d'amour, les nôtres, telles qu'elles se racontent.