Amy Foster (1901) a souvent été considéré comme
une des oeuvres les plus autobiographiques de Conrad
et on y a vu un parallèle avec la situation qu'il vécut
lorsqu'il s'arracha à sa Pologne natale pour devenir
citoyen britannique. C'est d'abord une histoire de mer,
qui raconte avec un réalisme terrifiant les tribulations
d'un groupe d'émigrants pauvres poussés par l'espoir
d'un eldorado en Amérique. Après le naufrage de son
navire, le jeune Yanko devient un véritable paria dans
une communauté paysanne anglaise qui voit en lui un
fou dangereux. Le récit reprend le thème conradien
de la rencontre entre l'autochtone et l'étranger, le
civilisé et le sauvage. Inversant les figures de l'humain
et l'inhumain, Conrad montre le "sauvage", le "fou",
doué d'une humanité profonde qui se brise sur le refus
obstiné des fermiers du Kent de reconnaître l'altérité
de l'étranger. Sur cette situation désespérante vient se
greffer une histoire d'amour qui prend vite la dimension
d'une tragédie entre deux êtres que tout sépare.
À la fois tragédie romantique et parabole moderne sur
la rencontre de l'autre, Amy Foster est un des textes les
plus poignants de toute la littérature anglaise.