La Révolution française, comme tous les mythes, est davantage l'expression d'un désir collectif que le reflet d'une réalité : son Panthéon constitué, le rituel instauré ne souffre pas qu'on le dérange. Dans ce cadre. Anacharsis Cloots, l'Orateur du Genre humain, n'a pas sa place : on a fait taire cette voix iconoclaste et troublante en 1794, on a ensuite ignoré ce penseur et cet homme d'action impossible à caser dans le cadre étroit des commémorations bien-pensantes.
«Etranger», prussien de surcroît, il abhorrait tous les nationalismes et son idée de la Révolution était essentiellement universelle ! Sa haute pensée, comme aimait le dire Jaurès, refusant tout compromis, était pourtant la seule voie véritablement révolutionnaire, son seul tort. On l'a enterré sous les articles biographiques mensongers et rejeté dans les limbes de l'oubli car il dérangeait.
Cet empêcheur de révolutionner en rond a encore beaucoup à nous dire en ce XXIe siècle débutant en mal de mondialisation ! Et puis Anacharsis l'étranger est un magnifique manieur de mots, un forgeur d'idées et de vocables. Il y a un indicible plaisir à le lire.