Anatolin
Le destin de son frère aîné, disparu pendant la guerre bien avant sa naissance, n'est pas le seul mystère que le narrateur d'Anatolin doit élucider. L'origine des parents, tous deux issus des minorités allemandes en Europe centrale, est également entourée de silence et de points d'interrogation. Se rendre dans le village ukrainien d'où vient le père, puis dans ce village polonais qui porte le nom étrange d'Anatolin et où est née la mère, semble alors au narrateur la bonne solution pour aller au bout de ses incertitudes. Mais ces deux voyages ne lui apprennent strictement rien...
Dans un récit parfois burlesque et toujours teinté d'une ironie subtile, Treichel met non seulement à mal une certaine mode des « pèlerinages » sur les lieux de naissance de nos familles et, à travers eux, la mystification des origines qui participe à toute construction identitaire, mais il pousse aussi très loin le jeu entre fiction et réalité. Roman à suspense, brillant et divertissant, Anatolin forme une sorte de trilogie romanesque avec Le disparu (Folio, 2007) et Vol humain (Du monde entier, 2007), et confirme le grand talent de Hans-Ulrich Treichel comme écrivain de la mélancolie et du doute.