Anatomie de la folle lyrique
Suis-je extérieur à l'opéra, un indésirable intrus ? Ma singularité queer déforme-t-elle les significations de ce monde majestueux ? Au centre de l'essai historique de Wayne Koestenbaum se déploie la voix de la folle lyrique, l'opéra queen ; cet homosexuel fou d'opéra qui collectionne disques et coffrets, compile ses airs préférés, catalogue ses extases. Chez lui, l'adoration des divas provoque le vertige de l'identification : l'éblouissement, le renversement des rôles, la fuite et la lutte. Paru en 1993, ce livre constitue l'un des premiers et principaux jalons de l'association entre opéra et homosexualité. Il est représentatif de ce moment où, au coeur des années sida, un certain nombre d'intellectuels gay décidèrent de sortir du placard. Koestenbaum en recompose l'histoire à la manière d'une dissection anatomique et retrace ce qui se passe à l'intérieur - du corps, de l'écoute, des institutions et de l'imagination. Dans ces fragments se construit un présent politique où les « consciences restent inexorablement séparées » (Roland Barthes).