À Collioure, en 1905, il déclenche avec Matisse la première révolution picturale
du XXe siècle : le fauvisme. À Londres, où Vollard l'envoie rivaliser avec Monet, il
découvre l'art nègre qu'il fait connaître à Montmartre. Éternel insatisfait, Derain
participe avec Braque et Picasso à l'invention du cubisme. En 1910, il décide de
partir «à la recherche des secrets perdus de la peinture». Sa démarche préfigure
le retour au classicisme de l'entre-deux-guerres.
Après les épreuves de la Grande Guerre qu'il subit stoïquement, il connaît la
gloire. Sacré «plus grand peintre français vivant», Derain devient à Paris l'un
des princes des Années folles. Géant mélancolique, il mène grand train au volant
de ses Bugatti, entouré de ses conquêtes féminines. Débonnaire et dédaigneux,
gamin et grave, jouisseur et mystique, Derain avance masqué dans la vie,
dévoré par le doute. En 1935, après la mort de son marchand Paul Guillaume, il
se retranche dans sa maison de Chambourcy où il peint encore quelques-uns
des plus beaux tableaux de son temps. Après 1945, l'homme comme son oeuvre
sont décriés. Sa vie personnelle devient un enfer. Il meurt presque oublié.
Ce récit alerte, accompagné d'une riche iconographie, conduit le lecteur à se
poser en même temps que l'artiste les problèmes esthétiques rencontrés par les
tenants de l'art moderne. Rigoureusement documenté, bénéficiant d'archives et
de témoignages inédits, Derain, le titan foudroyé est l'ouvrage de référence qu'on
attendait depuis longtemps. Il permet de redécouvrir l'un des artistes les plus
audacieux et les plus controversés de son époque.