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Dans Andreï Makine. Le multilinguisme, la photographie, le cinéma et
la musique dans son oeuvre, Murielle Lucie Clément étudie la fonction
respective des éléments que les formalistes russes auraient appelés «non
littéraires». L'intérêt de cette étude réside dans l'approche générale de
l'oeuvre d'Andreï Makine. En effet, si plusieurs chercheurs ont mentionné
la musique, les photographies ou les films dans les romans, aucun
chercheur à présent n'avait fait le rapprochement entre les trois arts et
analysé l'importance de leurs descriptions. De même, le bilinguisme de
l'auteur le fut toujours en référence à deux langues : le français en tant que
langue d'expression et le russe parce que langue maternelle de l'auteur. La
pertinence de cette étude réside aussi dans l'élargissement à l'outil
bakhtinien le rendant adéquat à l'analyse des textes d'un auteur bilingue.
Selon Clément, un atout majeur d'Andreï Makine est d'avoir engagé
une transversalité des arts par-delà une délimitation trop rigide des
frontières généralement admises, au moyen d'ekphraseis qui lui évitent de
longs développements surchargeant la narration. Leur fonction s'actionne
de façon si naturelle, qu'elle a presque entièrement échappé aux nombreux
critiques de l'oeuvre. Pourtant, points de focalisation insécables, s'y
distinguent, entre autres, les liens conflictuels entre mémoire individuelle
et mémoire collective.
L'art de la narration, accouplé à un style doté d'une grande
connaissance historique et de la nature humaine, permet à Makine de
planter ses personnages. En cela, continue-t-il la grande tradition des
écrivains russes ? Et quelle est sa position vis-à-vis de cette tradition ? Par
ailleurs, peut-il être considéré comme un archiviste de l'histoire ? Autant
de questions traitées dans cet ouvrage consacré à l'auteur du Testament
français par Murielle Lucie Clément.