Le présent ouvrage est une étude sur la résistance des afro-vénézuéliens ; elle tâchera de reconstruire la logique de contre-pouvoir du Zambo Andresote, qui, entre 1730 et 1732, lutta non pas contre les esclavagistes, ni, directement du moins, contre les planteurs de cacao ou de tabac, mais contre le monopole colonial et en faveur de la liberté du commerce, position particulièrement en avance pour son temps qui menaçait gravement le contrôle économique exercé par la Compagnie Royale de Guipúzcoa. Dans la longue durée du marronnage, l'action de Juan Andrés López del Rosario prit une orientation innovante qui mérite examen. La documentation envoyée à Madrid au sujet du personnage, déposée pour l'essentiel aux Archives Générales des Indes, est entièrement à charge, comme il se devait. Même le philosophe éclairé qu'était l'abbé Raynal, soucieux d'oeuvrer contre la politique coloniale, s'y est laissé prendre. Et que dire de certains historiens vénézuéliens jusqu'à une époque assez récente ! Dans ce cas plus que dans d'autres, il conviendra de peser chaque mot pour redonner la parole à un esclave rebelle et à ses gens, bâillonnés par l'histoire officielle.