Ange-Jacques Gabriel (1698-1782)
Ange-Jacques Gabriel apparaît à la sixième génération d'une dynastie de maîtres maçons et d'architectes
originaires de Normandie, que l'on retrouve, au début du XVIIe siècle, à Paris, au service du roi.
L'ascension de cette dynastie est celle d'une entreprise où la collaboration intergénérationnelle est animée
par un génie collectif que les lettres d'anoblissement de la famille qualifient de «vertu héréditaire». Jacques V,
père d'Ange-Jacques et premier architecte du roi, marque l'apogée de cette ascension : par un retour à
la province, il diffuse l'art royal dans toute la France. Ange-Jacques, quant à lui, hérite du titre éminent de
son père mais travaille exclusivement pour le roi et même en étroite collaboration avec celui-ci, ce qui est
sans précédent. À sa retraite, qui suit de peu la mort de Louis XV, la critique prérévolutionnaire condamne
l'homme comme l'un des responsables de la faillite de l'Ancien Régime et l'oeuvre comme l'expression
d'un style suranné. Celle-ci comprend, cependant, nombre de réalisations majeures, parmi lesquelles
l'École militaire, la place de la Concorde, le Petit Trianon, les châteaux de Compiègne et de Fontainebleau,
les décors intérieurs Louis XV du château de Versailles et, en particulier, l'Opéra...