Rarement les injonctions à placer les savoirs au
coeur des projets de société n'ont été aussi fortes
qu'aujourd'hui. En témoigne le succès de la notion de
«sociétés de la connaissance». Après l'ancienne
tradition de la philosophie de la connaissance, une
histoire, une sociologie, une anthropologie des
savoirs ont ainsi pu paraître comme des projets tout
à la fois nécessaires et impossibles tant l'objet, vaste,
semblait insaisissable. En effet, saurait-on trouver une
activité humaine dans laquelle n'interviendrait pas
la mobilisation d'un savoir, fût-il résumé au souvenir
d'une expérience ou évanoui dans des croyances ou des
représentations ?
C'est à la description des bornes et des ressorts de
cette étendue que Nicolas Adell s'est attelé dans
une perspective largement transdisciplinaire. Après
une présentation de ses limites et la restitution,
nécessairement subjective, de son histoire, l'auteur s'est
appliqué à faire «travailler» les savoirs dans le cadre
des grandes questions qui traversent l'ensemble de la
discipline (l'identité, le pouvoir, l'écriture et l'oralité,
etc.) par le biais de l'analyse des textes importants, ne
négligeant ni les thèmes classiques auxquels les savoirs
sont confrontés (le problème de la magie, le cas de
l'initiation, la question de la transmission, etc.) ni les
débats actuels dans lesquels ils s'insèrent comme ceux
suscités par les phénomènes de patrimonialisation des
savoirs.