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Paru en 1991, ce roman connut un succès d’estime et mérite sans doute plus encore. Il pourrait rester comme le roman d’une génération, celle qui, ayant atteint la maturité dans les années quatre-vingt, n’a pas tout à fait oublié ses révoltes des années soixante. Roman psychologique aussi, qui explore comme jamais l’espace de la dépression, avec une écriture en vrille lancinante au fond de soi. Roman d’amour en même temps, d’amours croisées mais fidèles au fond, et qui remontent de la mémoire sans qu’on puisse échapper à leur charme enfoui, jamais enfui. Roman total en fait, qui, partant du plus bas de la déréliction intime, emporte le lecteur jusqu’au plus haut de la pyramide sociale, jusqu’à ce crâne de chef d’Etat où miroitent flux et reflux de l’opinion.
Etonnant roman qui commence par une fatigue. Une fatigue étrange. « Que s’est-il passé avant que l’insomnie commence ? Je ne vois pas, je ne vois pas ce qui a pu se passer. Tout allait bien pour moi, tout allait bien en mars, mars avril et avant voyons, bien avant, des années et des années que tout va bien pour moi ! » Alors pourquoi cette insomnie qui traîne et va l’entraîner loin, Gabriel, si loin de sa vie de tous les jours, si près des jours d’avant, avant qu’André ne se donne la mort, avant que Suzanne entre eux ne se glisse, puis disparaisse...
« L'année 1991 commencerait-elle par un livre-jalon, à l'instar des Choses de Perec en 1965 ? Et Domecq, ça rime avec. Ces quatre cents pages psalmodient le « à quoi bon ? » d'une génération qui n'est plus flouée, mais noyée. » André Rollin, Le Canard Enchaîné
« Domecq est un de ces très rares écrivains de sa génération à faire vieillir tout le reste de ce qui se publie. Il est vraiment un contemporain capital. » Jacques-Pierre Amette, Le Point
« Un nouveau mal du siècle ? » Pierre Mertens, Le Soir