Dans ce parc new-yorkais, c'est un peu le bal des paumés, la saga des exclus. Qu'ils
viennent de Russie, de Pologne ou de Porto Rico, les personnages sans abri de Glowacki
n'en restent pas moins dignes. Bien sûr, il y a l'alcool, la maladie, la difficulté à rester
propre, mais cela n'exclut pas l'amour et l'espoir de s'en sortir, de repartir au pays, car
New York, cité puissante, ne veut pas d'eux. À l'image de ce policier-clown qui ne fait
rire que les gens installés, ordinaires, mais traque avec cynisme les défavorisés.
Anita, seule femme de cet univers masculin marginal, souhaite enterrer dignement
celui qu'elle aime pour soustraire son cadavre à une future fosse commune, anonyme,
à l'écart du centre. Dans sa quête, cette Antigone moderne demandera ou plutôt
monnayera l'appui pas très fiable de deux compagnons d'infortune. Ils se tromperont
de cadavre. Sans doute par trop grand amour de la bouteille...