Le point de vue des éditeurs
Qui connaît Antonelle aujourd'hui ? Député à l'Assemblée législative, juré au Tribunal révolutionnaire, il est jeté en prison par Robespierrre. L'homme est un paradoxe vivant : issu de vieille noblesse et très riche, il s'engage sans retenue dans la Révolution française aux côtés des plus démunis. Sous le Directoire, il échafaudé avec Babeuf la conspiration des Égaux, puis théorise le concept - banal aujourd'hui, mais extrêmement neuf à l'époque - de « démocratie représentative », dont il est le père inconnu. Opposant à la dictature de Bonaparte, il se retire à Arles après 1800 pour y devenir le bienfaiteur de sa ville et de son quartier.
Ainsi, l'homme, à la fois aristocrate et révolutionnaire, est célèbre dans sa ville d'Arles, dont il fut le premier maire en 1790, mais il est finalement peu connu. Alors que la plupart des acteurs de la Révolution ont leur portrait, aucune image de notre ultra-révolutionnaire n'a été conservée. Pourquoi ? Point de départ de l'enquête menée par Pierre Serna. Cet effacement voulu par la bonne société arlésienne, qui désire oublier la réputation incandescente de son fils turbulent, est acté par l'écriture partisane de la Révolution, ne sachant que faire de ce noble démocrate, pas plus que les historiens de la contre-révolution vouant aux gémonies ce renégat bien né et devenu le plus rouge des Jacobins. De surcroît, Antonelle lui-même travaille consciencieusement à l'effacement de ses traces derrière lui, maître en sociétés secrètes républicaines et soucieux de ne laisser aucun indice à la police dont il subit la surveillance durant toute sa vie politique. C'est donc une archéologie de ce personnage que propose cet ouvrage, une reconstitution du puzzle de sa vie.