Ben dit de John dans une interview : « Dans la rue, il conversait spontanément avec les pochetrons, les clodos ; il aimait partager des moments avec ces gens-là. Il n'avait aucune crainte de se salir émotionnellement, de plonger dans le cambouis humain. »
En 1995, j'ai failli abandonner l'écriture de ces pages. J'ai fermé le grand cahier beige et suis sorti boire un café noir. Ce livre, intuitivement, cherchait à raconter l'histoire de John et « du cambouis humain ». L'après-midi s'est étiré dans du sable. J'ai traîné l'ennui jusqu'à la mer. J'ai attendu que s'éclairent les lampes sur la jetée. Lorsque je suis rentré, ce n'était plus tout à fait l'histoire de John. J'ai pensé à New York. Sur les ballades de Coltrane, j'ai vu des petits taxis jaunes.
Des films ou des livres entrent dans notre vie et ne se dissocient plus de notre vécu. Comment témoigner de cette effraction ? De l'émotion ressentie face à des oeuvres qui ont changé notre rapport au monde ? Peut-être, comme le fait ici Christophe Fourvel, en procédant à quelques « exercices d'admiration ».