La profondeur, la précision et la vivacité de l'écriture fiedlerienne se révèlent
pleinement dans ces pensées toujours subtiles, parfois fulgurantes, qui
reprennent et prolongent la réflexion conduite dans l'ouvrage Sur l'origine de
l'activité artistique, édité par D. Cohn dans la même collection. La pensée de
Fiedler est plus qu'un moment majeur de l'esthétique néo-kantienne : elle élève
l'art à la dignité d'une théorie de la connaissance. Son refus d'une esthétique
vouée au bon goût, l'affirmation qu'un jugement artistique objectif est possible
servent une conception de l'oeuvre comme révélation des conditions de la
visibilité. L'art devient, avec lui et pour la modernité qui s'annonce, une exploration
de la perception humaine en tant que telle. Aussi Fiedler est-il aujourd'hui
redécouvert et son influence sur Georg Simmel ou Ernst Cassirer, autant que sur
Wölfflin ou Panofsky, réévaluée à sa juste mesure.