Après Lacan
Psychose et Idéal
Après Lacan, parce que son parcours marque pour la psychanalyse un tournant radical, qu'il paraît faible de qualifier d'épistémologique. En arrachant la doctrine au psychologisme qui imprègne profondément l'oeuvre de Freud et la pensée des post-freudiens, Lacan ouvrit en effet à la psychanalyse un questionnement fondamental, tant clinique que conceptuel.
Mais le virage fut négocié trop brutalement, sur des bases logicistes (structuralistes) que Lacan finit d'ailleurs par désavouer. Bref une « extension » (Bion) s'impose, avec la prise en compte des avancées des autres courants de la psychanalyse, de l'école anglaise en particulier, dont les repères axiologiques transcendent le scientisme freudo-lacanien pour s'ouvrir à une dimension franchement éthique, transcendantale, c'est-à-dire à la fonction subjective de l'idéal et aux conséquences psychopathologiques majeures de son oblitération.
Il y va de l'avenir de la psychanalyse, plutôt mal engagé dans la phase actuelle qui ne lui est guère favorable et voit ressurgir, réchappés, les adversaires doctrinaux de toujours, organicisme psychiatrique et neuropsychologie, avec leur profonde inscription dans l'idéologie de la modernité.
C'est à quoi s'essaient les divers essais réunis dans ce recueil, dans une démarche qui se veut à la fois critique, analytique et prospective.