Louis Aragon est un des plus grands écrivains français du XXème
siècle. L'un des plus mal connus aussi. Un auteur que nombre de
critiques avouent ne pas comprendre.
Il est vrai que son itinéraire, fait d'une trame où s'entrecroisent le
créateur et le politique, relève de l'exception.
L'entrecroisement entre création et politique est si constant chez lui
que le risque est réel de trancher pour ne retenir qu'un aspect.
C'est pourquoi l'écrivain et l'homme politique sont ici envisagés
dans leur liaison délibérée.
«Cette "liaison délibérée" qui tient ici le rôle-titre se découvre
dans l'hommage du Parti Communiste publié au lendemain de la mort
du poète : "Bien des écrivains ont pu jouer un rôle dans notre histoire.
Mais rares sont ceux qui ont poussé si loin la liaison délibérée de
l'écriture et de l'acte politique". Jean d'Ormesson avait partagé cette
façon de voir qui déclarait : "le poète est mort... Qu'il le veuille ou non,
il appartient maintenant n'en doutons pas au parti communiste. Mais
avec ses ombres et ses lumières, Aragon appartient aussi et surtout à la
littérature française".
Le premier, Staraselski, ayant mis le pied en travers de la porte,
bloque les pratiques de la police littéraire (héritées du pire stalinisme),
le maniaco-décryptage qui sous-tend les pseudo biographies à la mode
et qui, espérons-le, leur ouvre les chemins de la disqualification. Guide
de haute montagne, Staraselski nous accompagne dans une longue
course à travers les Alpes aragonaises et toutes les failles de l'Histoire.
Loin des sentiers battus, Staraselski cherche à sa manière : en
accumulant faits et textes. Et il trouve. Il était temps».
Francis Crémieux