Quatre voix qui témoignent de l'horreur. Une victime et
trois bourreaux. Quatre archanges, messagers de leurs destins
à jamais liés.
Esdras est un clochard qui fait le singe sur un banc public
à Nice. Le Duc est en taule, réduit à un tronc, quelque part
dans le nord de l'Europe. Le Fils est mort, assassiné dans un
train qui fuyait Zagreb. Et puis il y a Senka, la jeune fille de
13 ans, la fille-fantôme, «l'Ombre», comme le signifie aussi
ce prénom serbo-croate. Une ombre qui hante ses bourreaux.
Car Senka est morte, violée et assassinée, avec toute
la barbarie dont l'Homme est capable, dans un pays en
guerre. Senka qui «n'est plus rien. Sinon un beau murmure sur
les lèvres de son assassin». Senka, condamnée à vivre dans
l'immensité poussiéreuse de l'Éternité, descend parfois sur
terre et s'assoit sur les genoux de ses bourreaux : «Allez mon
vieux, pense à moi. Ne m'oublie pas. Si tu m'oublies, je n'existe
plus.»