Comment comprendre la genèse du sionisme et ses conséquences jusqu’à aujourd’hui ?
Né au XIXe siècle en pleine émergence des États-nations et du fait colonial, au sein d’un judaïsme très divisé en de multiples courants, celui-ci se donne pour projet de créer un État sur « un territoire sans peuple » (en Argentine, en Palestine, voire en Ouganda) pour permettre une « régénération » du peuple juif en rejetant souvent tout un pan de ses traditions.
Au contraire de Théodore Herzl, d’autres acteurs auront une vision nuancée, comme Ahad Ha'Am, Martin Buber ou encore Éliezer Ben-Yéhouda, qui permettront la renaissance de l’hébreu. Ils promeuvent un sionisme s’inspirant de la parole prophétique de Zacharie : « Ce n’est pas par la violence que je triomphe, dit l’Éternel, mais par l’esprit. »
Il y a un siècle, les inventeurs du sionisme ou « patriotisme juif » promettaient la solution de la question juive par la création d’un État ou d’un foyer refuge. Plus de cent ans après, qu'en est-il de cette promesse au vu de la récente actualité ? Est-il permis de réfléchir à une vision renouvelée de cette idéologie ?
Gérard Haddad est psychiatre et psychanalyste. Il a publié de nombreux ouvrages dont Le jour où Lacan m’a adopté (Grasset, 2002) et Dans la main droite de Dieu (Premier Parallèle, 2015). Il est également l’auteur, chez Salvator, de Tu sanctifieras le jour du repos (2012), Le silence des prophètes (2019) et À l’origine de la violence (2021).