De la critique théorique à l'analyse des tendances, de la théorie
des objets à la scénographie ou à l'aménagement du territoire,
l'architecture est toujours un projet. Elle interroge par le projet,
invente formes et concepts ; participe davantage à la transformation
des sujets, des manières d'être et de percevoir qu'elle ne construit
des bâtiments. L'objet qu'elle partage avec tous les producteurs
de sens ou de forme est «l'invention de nous-mêmes».
Le «dispositif architecture» décrit la transmutation des habitudes
de faire, la disparition de notions obsolètes et la formation
d'une nouvelle réalité. Cet assemblage constitue une stratégie
de projet et un label, Architecture Action. Cette activité est la
création de concepts, dans une signification qui rend compte
aussi bien du travail de l'agence de communication que du
travail de la philosophie et de la construction de nos manières de
vivre. Les textes sont ainsi rassemblés, sans distinction entre les
documents critiques et ceux plus directement entrelacés à des
démarches de projet. Le concept en architecture est un halo de
significations et une vraisemblance comme outil de production.
La brièveté de la valeur accordée aux produits - les bâtiments et
les villes se déclassent comme les objets - s'est accompagnée du
déplacement de l'intérêt des architectes vers les procédures de
conception : l'objet compte moins que l'appareil de sa conception.
Ainsi, la position critique permet et accélère la pratique du projet à l'ère
de la réflexivité. «Faire projet» consiste à décider de son système de
projet, quand les croyances et les discours de vérité se sont évanouis.