La découverte et la première formulation de la perspective sont
l'oeuvre de Brunelleschi ; la théorisation est due à Alberti
(De Pictura, 1435). Le terme «perspective» est classique, issu des
anciens traités. Au Moyen Âge, le concept s'identifie à celui d'optique,
science de la vision. On parle de perspective pour Giotto et pour
Ambrogio Lorenzetti en observant comment ils ont mis en oeuvre
plusieurs systèmes perspectifs.
En quoi consiste la nouveauté de la perspective à la Renaissance ?
Avant tout dans le fait qu'elle se présente comme une découverte et
non comme une invention : elle est retrouvée chez les anciens ;
elle s'intègre donc à la culture humaniste qui veut faire renaître
la science antique. Par ailleurs, la perspective se présente comme
un système unique. Le système perspectif du Quattrocento est
la réduction à l'unité de tous les possibles modes de vision. Enfin,
la perspective n'est pas une réflexion intellectuelle sur ce que voient
les yeux, mais le mode même de voir selon l'esprit plutôt qu'avec
les yeux. Avec la perspective, nous voyons les choses dans
des rapports proportionnels : la réalité n'apparaît plus comme
un inventaire, mais comme un système de relations métriques.
En architecture, la proportion définit et règle les entités d'espace
exprimées par des éléments singuliers. Il s'établit un rapport
proportionnel entre la hauteur des colonnes et l'ouverture de l'arc,
entre le diamètre moyen de la colonne et sa hauteur, entre la base,
le fût et le chapiteau. Enfin, une relation précise s'établit entre
le système proportionnel de l'architecture et celui du corps humain,
perçu comme perfection formelle et mesure des choses.