Signification et vérité
Questions sur le Peri hermeneias d'Aristote
Sans doute une oeuvre de jeunesse, les Questions de Duns Scot sur le traité d'Aristote Peri hermeneias sont une investigation portant sur divers problèmes de sémantique, plutôt qu'un commentaire sur le traité aristotélicien. Qu'il traite des noms, des verbes et des temps du verbe, de l'unité des propositions, des relations entre les choses, le langage et la pensée, le motif central de l'ouvrage est la question des rapports entre signification et vérité. Chaque question est traitée selon la méthode sic et contra, avant que l'auteur n'arrête la solution qui lui est propre. Comme ces solutions seront reprises sans changement dans l'oeuvre ultérieure, les Questions sur le Peri hermeneias peuvent être regardées comme une introduction à la philosophie de Duns Scot, bien que sa métaphysique n'y soit pas encore parvenue à maturité.
La matière
Qu'est-ce que la matière ? Une pure puissance sans contours ni détermination, un « presque rien » qui échappe à toute saisie conceptuelle ? Ou plutôt la « nature-mère », le réceptacle universel de tous les êtres, le substrat qui permet la génération et le devenir de toutes choses ? La question fait l'objet d'un vif débat philosophique au Moyen Âge. Pierre de Jean Olivi (1248-1298), bien connu pour ses positions radicales dans la querelle sur la pauvreté, aura été l'un des protagonistes majeurs de ce débat : les textes traduits ici pour la première fois en langue française révèlent la force et la rigueur d'une conception qui fait de la matière non seulement l'assise universelle de toutes choses, mais aussi la condition de possibilité de l'ordre et de l'harmonie de l'univers et de la relation des êtres humains à Dieu.