- Qu'est-ce que vous racontez là ?
- Un conte.
- Ce n'est donc pas une histoire vraie.
- Pourquoi ?
- Ce n'est pas vraiment arrivé.
- Mais si.
- Alors, Le Petit Chaperon Rouge ?
- C'est une histoire vraie.
- Comment le savez-vous ?
- C'était moi. J'ai eu très peur.
Par ce poème, le premier de ses Contes et nouvelles, Guillevic indique précisément l'endroit où se trouve le poète : sans doute il y a eu de l'effroi mais l'effroyable a passé, on est resté et pas lui, et on est prêt à recommencer le face-à-face ; sans doute celui qui répond est le poète mais pas seulement, sa réponse a surgi du plus profond de nous, et même, on ne sait plus comment s'en dépêtrer, elle est devenue inoubliable, parce qu'inoubliée ; sans doute le poète n'est pas tout seul, mais si le lecteur préfère, il peut aussi continuer à l'être. Car, comme Guillevic le dit si bien : « Moi aussi / Fleur / Moi aussi » (Ariane Dreyfus).