Les traductions de textes philosophiques grecs en langue syriaque faites en
Syrie du Nord et dans la haute Mésopotamie du VIe au Xe siècle, constituent un
chapitre fondamental de l'histoire des idées. Elles furent un trait d'union entre
l'Orient, hellénisé mais toujours sémite, et un Occident à la recherche de son
identité au seuil du Moyen Âge. Elles allaient faciliter la transmission aux Arabes des
ouvrages de la philosophie classique, en particulier du corpus aristotélicien. L'étude
d'Aristote reflète la volonté des intellectuels syriens d'éclairer le rapport entre
science et religion, elle eut des conséquences remarquables pour le développement
de la culture syriaque.
Le Traité de logique de Paul le Perse, philosophe du VIe siècle, est à cet égard
révélateur de cette tradition comme de ces relais actifs. En langue syriaque, dédié
à Chosroès le roi perse, il regroupe dans la tradition néoplatonicienne le texte
d'Aristote, les Catégories, le De interpretatione, et les Premiers Analytiques en abrégé,
le tout précédé par l'Isagoge de Porphyre.
Javier Teixidor commente le texte de Paul et le confronte à des écrits d'autres
philosophes de langue syriaque, ses contemporains ou ses continuateurs, tous nés
dans une région du Proche-Orient qui fut dans l'Antiquité tardive un vrai carrefour
de cultures. On découvre chez ces lecteurs d'Aristote une volonté résolue de
présenter leurs recherches philosophiques dans une perspective de synthèse,
offrant une vision rationnelle du monde chrétien dans lequel ils vivaient, laissant de
côté toute controverse théologique.