On croit connaître Arletty mais on se trompe. La "môme de Courbevoie", née en 1898, a observé le siècle avec une curiosité amusée, ironique, mordante. A la mort de son père, tué dans un accident de tramway, celle qui n'est encore que Léonie Bathiat devient tourneuse d'obus. Puis mannequin et enfin petite femme de revue. Ce sont les Années Folles, le temps béni de son existence. Egérie des peintres - Van Dongen, Kisling, Braque, Matisse -, elle inspire les grands couturiers et les cinéastes - de Guitry à Carné. Céline l'admire, Prévert l'aime, Genet et Jouhandeau l'adorent. Michel Simon, Louis Jouvet, Jean Gabin et tant d'autres deviennent ses partenaires sur scène ou à l'écran. Voilà pour le côté cour de sa vie. Le côté jardin, ce sont ses amitiés parfois à hauts risques avec Pierre Laval, artisan de la politique de Vichy, et sa fille Josée. Ce sont aussi ses amours. Sa liaison avec un officier allemand sous l'occupation - "Mon péché" - lui vaudra à la Libération de connaître les geôles du Dépôt, Drancy et la résidence surveillée.
Quatre années de recherches en Italie, en Allemagne, en France, des confidences sans détours faites par Arletty au soir de sa vie, des entretiens avec ses proches, des documents inédits ont permis de reconstituer avec précision cette vie hors du commun, d'affiner le portrait de celle qui reste à jamais la Garance des Enfants du paradis.