Quand j'ai précisé [au médecin] que ma mère était témoin de Yahweh, son visage s'est enfin animé. Il n'a rien dit, mais les grimaces qu'il a enchaînées en l'espace de quelques secondes, j'ai su ce qu'elles signifiaient. « Il ne manquait plus que ça. »
Comment se construire quand la seule chose à laquelle on vous a préparé enfant est la fin du monde ? Comment apprendre à aimer quand votre propre mère a mis deux mille ans de prophéties apocalyptiques et d'angoisse entre vous et l'affection
qu'elle était censée vous porter ? Pourquoi devenir père quand le vôtre ne vous a jamais rien appris que l'absence ? Ces questions, Christophe Cordier, dit EphèZ, dessinateur de BD doué pour l'amertume, ne les aborde pas : il les prend dans la gueule en l'espace de quelques jours... et n'aura d'autre choix que d'y trouver des réponses, et tout de suite.
Servi par une langue qui va à l'os, ce roman s'appuie sur un principe de base : le confort n'est pas la mission de l'écrivain. Et l'humour peut servir à creuser certaines plaies.