Jamais le débat autour du génocide des Arméniens de
1915 n'a été aussi acerbe que ces dernières années entre
défenseurs et opposants aux lois dites «mémorielles».
Pourquoi cette question suscite-t-elle tant de passions ?
Analyse approfondie de l'histoire et de la mémoire
arméniennes, cet ouvrage explore les spécificités d'un
peuple dont l'identité nationale ne peut pas se construire
à partir du seul génocide. L'histoire a commencé avant et
s'est poursuivie après. L'auteur appelle ainsi les Arméniens
à désacraliser 1915 afin de libérer la pensée et désinhiber
les comportements collectifs.
Par le passé, les empires successifs ont, en effet, empêché
l'Arménie de développer une tradition de souveraineté
au sein d'un territoire dont les frontières étaient trop
mouvantes pour constituer un État aux fondations durables.
Et la religion s'est souvent substituée à celui-ci pour
organiser la société et nourrir une vision mythifiée d'une
nation multiséculaire. Comment sortir de ces logiques de
domination ?
S'affranchir de la mémoire, se délivrer du poids du passé
et devenir le sujet de son propre destin : tels sont les enjeux
actuels du peuple arménien.