L'art est dans la rue : fresques murales, statues, monuments,
mobiles, installations éphémères, décors provisoires,
expositions et spectacles en plein air, bateleurs et saltimbanques...
Plus encore, certaines villes se prétendent une «oeuvre
d'art totale» qu'il convient d'honorer tel un musée hors les murs.
Le citadin est interpellé par toutes ces créations dont il ne prend pas
toujours la mesure. Dès lors qu'il s'agit des établissements humains,
la question devient celle de la rencontre entre éthique comme
manière d'être, et esthétique comme vérité du sentir.
Dans ce livre, les auteurs (artistes, architectes, philosophes,
historiens, urbanistes) observent les façons dont l'«espace», le
«temps» et les «formes d'expression» sont plus ou moins
solidaires des évolutions sociales et techniques qui assaillent les
sociétés contemporaines. Ces évolutions s'affrontent, se combinent
ou se parasitent, mais nul ne peut les ignorer, tant elles interfèrent
dans le devenir urbain. Comment alors nouer le topos et le logos
qui donnent sens, à l'aisthesis qui relie ? L'art dans sa relation
complexe au territoire y parvient-il ? À l'heure de l'éparpillement
géographique des villes et de l'émiettement du temps de la quotidienneté,
l'art peut-il manifester la «signification insignifiable»
qu'attend le poète ? Il en va de l'habiter même.