« Voltaire a jugé l’Art poétique de Boileau avec la compétence d’un disciple et d’un maître. Nous n’avons rien de mieux à faire que de reproduire ce qu’il en a dit : L’Art poétique est admirable, parce qu’il dit toujours agréablement des choses vraies et utiles, parce qu’il donne toujours le précepte et l’exemple, parce qu’il est varié, parce que l’auteur, en ne manquant jamais à la pureté de la langue,
Sait d’une voix légère.
Passer du grave au doux, du plaisant au sévère.
Ce qui prouve son mérite chez tous les gens de goût, c’est qu’on sait ses vers par cœur ; et ce qui doit plaire aux philosophes, c’est qu’il a presque toujours raison.
“Puisque nous avons parlé de la préférence qu’on peut donner quelquefois aux modernes sur les anciens, on oserait présumer ici que l’Art poétique de Boileau est supérieur à celui d’Horace. La méthode est certainement une beauté dans un poème didactique ; Horace n’en a point. Nous ne lui en faisons pas un reproche, puisque son poème est une épître familière aux l’isons, et non pas un ouvrage régulier comme les Géorgiques ; mais c’est un mérite de plus dans Boileau, mérite dont les philosophes doivent lui tenir compte.” »