Asie du Sud-Est : l'expression est courante. Mais combien savent ce qu'elle recouvre ?
Au siècle dernier Elisée Reclus parlait, en termes géographiques, de l'«angle de l'Asie», à la périphérie de l'Inde, du Japon et de la Chine. Aujourd'hui, paradoxalement, la seule définition cohérente est celle, en termes politiques, de l'organisation régionale des dix pays du Sud-Est, l'ASEAN.
Cette région, dans les faits, est aussi émiettée que l'Europe, mais plus encore diverse culturellement, économiquement et socialement : quoi de commun entre l'île-Etat, au capitalisme précoce, de Singapour et les campagnes, encore enclavées dans le communisme, du Laos ? Entre la grande «Indochine» (Birmanie, Vietnam, Thaïlande, Laos et Cambodge) et le monde «malais» (Malaisie, Indonésie, Philippines) ? Entre l'univers bouddhiste indochinois, et les mondes musulman d'Indonésie et de Malaisie, et chrétien des Philippines ?
A l'heure de la «crise asiatique», partie de Thaïlande en 1997 pour venir frapper les Bourses occidentales, et des impacts, dans la région, de la guerre contre le terrorisme, la coopération entre les dix Etats survivra-t-elle aux traumatismes ou périra-t-elle sous les ondes du «choc des civilisations» que d'aucuns situent justement dans cette région ? L'enjeu régional est au cœur des enjeux mondiaux.