"Et plus je poursuis ma promenade avec mon appareil,
plus les trous noirs se multiplient, les passages de l'un
à l'autre se font de plus en plus étroits, les endroits intéressants
que je pourrais observer se raréfient et petit à
petit je taris la ville. Morceau par morceau, je la supprime.
Il y a déjà des quartiers entiers et des rues, des bouts de
l'horizon qui ne sont plus là. Et plus la ville diminue, plus
mon angoisse grandit, quand je reviens dans ces rues de
plus en plus difficiles à traverser, de plus en plus indifférentes.
Mes photographies représentent la nervosité de
l'homme qui respire avec peine et fébrilité le peu d'air
qui lui reste. À un moment, j'épuiserai Athènes, elle ne
contiendra plus rien pour moi. Je serai alors encerclé
par les traces noires rectangulaires de mes photographies.
Je pense qu'alors je tournerai l'appareil vers moi.
Pour que ma dernière photographie soit un autoportrait.
Et que je disparaisse ainsi dans le trou noir de la dernière
image."