A notre époque où l’on accepte tout, de l’ignoble au révoltant, avec la même bovine passivité digne d’une émission de téléréalité, la lecture d’Albert Londres est plus que salutaire, elle devrait être obligatoire, car l’énumération des injustices, des scandales, des plaisanteries de mauvais goût ne devrait pas nous aseptiser, nous mithridatiser de l’indécence qui nous entoure. Albert Londres, c’est l’éternel indigné. Avec "Au Bagne", il atteint le pinacle de la conscience journalistique. Il va, il voit, il décrit, il allume les feux des projecteurs sur le scandale du bagne où l’on cache les rebuts de la République, ceux à qui on n’a pas osé couper la tête. Albert Londres dénonce, crie, se démène tant et si bien qu’il obtient la fermeture du Bagne. "Au Bagne", un ouvrage essentiel.