Le zèle de l'ensemble de l'administration française dans l'application de la politique antisémite de Vichy : des archives inédites et terribles.
Mise en place par le gouvernement de Vichy dès l'été 1940, la politique antisémite est officiellement lancée avec le statut des Juifs en octobre 1940. Dès lors, l'antisémitisme devient une norme pour l'ensemble des administrations françaises – centrales comme locales – qui participent toutes, à des degrés divers, à sa mise en œuvre. Il ne s'agit pas là des professionnels de l'antisémitisme, tels que le furent les agents du commissariat général aux Questions juives, mais bien des fonctionnaires de toutes catégories : agents des préfectures, policiers, personnels judiciaires ou encore employés municipaux, tous se sont vus confier des prérogatives visant à " épurer " la société française des Juifs. Ce livre apporte un éclairage original sur cette dimension essentielle et paradoxalement mal connue du régime de Vichy. S'appuyant notamment sur des archives jusque-là négligées, l'auteur s'intéresse tout d'abord à la manière dont le gouvernement a défini et mis en place, en quelques mois, les bases de la politique antisémite. Puis, en analysant en particulier la langue administrative, les méthodes de travail, les instructions et leur application, il rapporte précisément la façon dont les fonctionnaires se sont adaptés, le plus souvent sans états d'âme, à leur nouvelle tâche. Leurs missions en matière de politique antisémite furent considérables, au premier rang desquelles le contrôle et le fichage de la population juive. C'est cette activité des administrations dans ce qui fut la zone libre, puis la zone sud à la suite de son occupation par les Allemands et les Italiens, que l'auteur évoque dans ce livre, à travers de nombreux exemples locaux.