C'est le propre des grands livres de toucher des générations successives. Au combat est incontestablement de ceux-là. Sans doute parce qu'il ne s'agit pas d'un simple témoignage, mais d'une tentative de penser en temps de guerre.
De son écriture poétique, Gray sait rendre ce qui est au cœur de l'expérience d'un soldat : le passage progressif de l'état de civil à celui de combattant, la tendance constante à déshumaniser l'ennemi, la loyauté à l'égard des compagnons d'armes, la blessure morale qui est au coeur des combats, et cette forme d'exaltation que le philosophe explique par la dimension érotique de la guerre.