Au delà du style
De 1985 à 1987, année de sa mort, Morton Feldman s'est rendu chaque été à Middelbourg aux Pays-Bas où se tenait alors le Festival Nieuwe Muziek.
Il y était invité à jouer sa musique, mais aussi à en parler au cours de conférences, masterclasses et conversations.
Parler de musique, pour Morton Feldman, c'est évoquer l'enseignement, l'histoire de l'Occident, la classe moyenne, les tapis turcs et l'art - la peinture notamment, lui qui a aussi appris la composition en regardant travailler ses amis peintres, Willem de Kooning et Philip Guston. Face à un public d'auditeurs, de musicologues, d'élèves et de compositeurs (au premier rang, Bunita Marcus), Feldman se met en scène.
Sa pensée, débordante, se jouant des conventions et de la barrière du style, laisse entendre l'oeuvre, son répertoire de mouvements, le sens de sa beauté.
Entre ces pages, au fil des rencontres avec Bach, Mozart, Beethoven ou encore Cage, Stockhausen et Xenakis (partenaire d'une conversation mémorable ici donnée dans son intégralité), se compose l'autoportrait d'un homme que la musique a ouvert au monde.