Quand mon frère et moi nous disons que pour faire un film à deux il
faut que nous désirions faire le même film, il me semble que cela veut
dire que tous les deux nous atteignons cet état où nous sommes hantés
par les mêmes images lointaines qui s'éveillent en nous [...] dont nous
ne parlons pas mais qui surgissent de notre enfance partagée. Ce ne sont
pas des images mais plutôt des phantasmes, des bribes de scénario enfouis
qui reviennent et nous attirent.
Qu'est-ce qu'un père, une mère, un fils, une fille ? Qu'est-ce qu'un
individu qui ne serait ni père, ni mère, ni fils, ni fille ? Est-ce pensable ?
Après le nazisme et le communisme réel qui voulurent remplacer le lien
généalogique par la soumission au Maître ou au Parti et avec le consumérisme
contemporain qui starifie l'individu sans lien, c'est une question
qui n'est pas insignifiante.
«Indignez-vous !» dit-il, «Indignez-vous !» Le problème est que l'indignation
est loin d'être libre de préjugés. Seule, elle est aveugle, prête à
s'accoupler à n'importe quelle colère.
Comme les événements télévisuels, beaucoup de films sont mis en
scène pour être filmés.
Le film Shoah de Claude Lanzmann empêchera peut-être que les humains
des siècles à venir ne confondent Auschwitz avec Pompéi.
Londres pour une rétrospective de nos films. Un critique nous a dit :
«En tant que spectateur de vos films, j'ai toujours le sentiment d'avoir
raté quelque chose, d'être arrivé trop tard dans la salle.» Nous l'avons
remercié pour ce compliment.