On a coutume de voir dans la démocratie athénienne du IVe siècle
av. J.-C. l'ancêtre de nos démocraties modernes. Le système politique
né de la crise oligarchique de la fin du siècle précédent aurait ainsi
établi le principe de la souveraineté des lois, portées à la connaissance
de tous par voie d'affichage, une souveraineté garantie par le fait
que celles-ci ne pouvaient plus désormais être modifiées par simple
décision d'une assemblée populaire.
Mais cela impliquait-il pour autant l'indépendance de la justice
par rapport au politique ? C'est à cette question essentielle de la
séparation des pouvoirs, qui préoccupe encore aujourd'hui chaque
citoyen, que l'auteur tente de répondre avec la même honnêteté
intellectuelle et le même souci didactique qui ont assuré le succès de
ses livres antérieurs.
Les nombreux plaidoyers, d'affaires privées ou publiques,
qui sont parvenus jusqu'à nous constituent, selon Claude Mossé,
de fantastiques révélateurs des transformations de la société, de
l'évolution des moeurs, des nouvelles réalités économiques mais aussi
des conflits politiques engendrés par la perte d'influence d'Athènes
dans le monde grec. Leur lecture montre que la décision des juges ne
dépendait pas de la seule application de la loi et que justice et politique
étaient étroitement imbriquées. En définitive, si la souveraineté
populaire n'a pas cédé la place à la souveraineté de la loi, les seuls
tribunaux ne sont pas non plus devenus les maîtres des décisions
politiques, révélant en cela la véritable originalité de l'expérience
athénienne.
Un essai passionnant sur les fondements de notre système pénal.